autour de son roman Solution terminale
mercredi 13 juin 2012
à 18h30
à la librairie La Dérive
Nous voici en 2079, dans une société coupée en deux. D'un côté les Élus, c'est-à-dire les vieux, de l'autre les
Utilitaires, autrement dit les jeunes. Les seconds au service des premiers, réduits en esclavage, privés d'identité. Et menacés, en cas de révolte, à une prompte et radicale disparation. Solution
terminale, ça dit quelque chose... Fidelio et Fidelio et Serena, deux Utilitaires amoureux, tentent d'incarner la possibilité d'une résistance.
Extrait
Nous N'irons Plus Au Bois,
Les Lauriers Sont Coupés...
A l'horloge du beffroi, l'heure. Implacable et redoutable. Condamnatrice. Mortelle parfois.
Et lui qui court.
Le garçon court ; il est en retard.
« Je suis en retard, je suis en retard, je suis en retard », se répète-t-il avec une régularité de métronome, en
courant le plus vite possible, en évitant soigneusement les passants d'un certain âge.
« Il ne manquerait plus que ça ! Que j'en fasse tomber un, en plus ! »
Ses jambes obéissent à une nécessité qui lui est étrangère. Il n'est que mouvement. Il enregistre vaguement que ses
bottines réglementaires sont lacées trop serré, et ne facilite pas sa course. Il sent sa natte qui frappe ses épaules, ballottant régulièrement comme une aiguille molle.
Il a peur. Il transpire.
Plus que la ruelle et il pourra enfin s'engouffrer dans le porche de l'immeuble cossu de son maître ; monter les
quatre étages en marbre deux par deux. Il sait que les premières sont les plus pénibles car elles sont assez hautes. (…)
Pendant que le grand portail claque, il s'entend dire pour la première fois de sa vie : « Je crois que je le hais
».
Solution terminale, p.9-10
Anne Maro est enseignante, elle vit dans l'agglomération grenobloise.
Paru aux éditions Champ Vallon Solution terminale est son premier roman.
photographie : éditions Champ Vallon